Chant Thérapie

Chant Corps Souffle Voix et Thérapie

Chanter, c'est une action qui nous offre le  plaisir d'être avec les autres, de respirer, d'articuler et de mémoriser.  C'est le plaisir d'être reconnu dans un groupe et donc de retrouver son  identité, ce qui est valorisant et entraîne la joie de vivre.

Chanter demande de bien respirer donc de contrôler le travail des  muscles respiratoires, ce qui augmente l'ampliation thoracique et facilite  l'expectoration des bouchons muqueux.

Respirer, c'est aussi mobiliser son diaphragme ce qui produit un  brassage abdominal favorable pour le transit intestinal. De plus, la  modification de la quantité 'd'air courant' inspiré durant le chant améliore  l'oxygénation du sang, donc du cerveau.

Chanter, c'est articuler, moduler sa voix, mettre en jeu des  automatismes (le cortex, les oreilles, le larynx) et les muscles du visage  qui en même temps créent le sourire, témoin du plaisir de chanter.

Chanter fait travailler la mémoire auditive, celle de fixation (apprentissage  d'un chant nouveau), celle d'évocation du temps vécu (avec sa charge  émotionnelle).

Chanter, c'est être par et avec les autres. C'est utiliser son  instrument musical corporel pour montrer son existence et s'intégrer dans une  communauté de relations.

Le chant met en relief les voyelles alors que la parole s'appuie sur  les consonnes. C'est de la musique qui est en soi et qui ne demande qu'à en  sortir. Chanter donne de l'assurance à la façon de parler.

L'ensemble de ces effets favorables retentit globalement sur la santé.

La voix est le monde sonore le plus nuancé et le plus riche, pénétrant  le sujet et l'imprégnant d'une correspondance entre vie rythmique et vie  physiologique, vie mélodique et vie affective, vie harmonique et vie mentale.  La voix est la présentation du 'moi', sans vernis culturel ; elle  personnalise.

L'apprentissage du chant:

Apprendre à chanter, c'est entrer à la découverte de ses ressources et ses limites, de ses rêves comme du réel franc.

Apprendre à chanter, c'est mettre à l'unisson toutes les parties de son être. C'est apprendre à devenir pleinement soi, en relation.

L' apprentissage du chant se fait par imprégnation sensorielle tout en permettant à chacun de développer une conscience musicale : faire et aimer faire ; comprendre ce que l'on fait ; comprendre ce que l'on souhaite faire ; puis faire ce que l'on veut , c'est-à-dire improviser. Mais créativité et apprentissage étant interdépendants, chacun est amené à acquérir un fond de connaissances essentielles au développement de son expérience et de son expression artistique. Chacun reconnu dans son individualité , ses possibilités, ses besoins , est conforté et aidé dans son évolution et ses progrès .

La technique du chant:

Le Chant c'est l'expression vocale et cérébrale mettant en oeuvre :

  • l'appareil respiratoire
  • le larynx
  • les résonateurs
  • le corps
  • le cerveau, générateur des sentiments humains (amour, joie, peine etc..).

L'expression vocale est donc très complexe et difficile à contrôler par le chanteur car tout se passe à l'intérieur du corps. Tout cet ensemble doit fonctionner de manière adéquate pour arriver à l'émission des sons compatibles avec les lois des ondes sonores, tout en exprimant des sentiments très divers, afin de donner à l'auditeur une impression vraie du sentiment exprimé, ce qui l'amènera à l'éprouver lui même en profondeur. La pratique du chant doit donc conduire à une bonne émission du son dans les trois registres : graves, médium, aigu.

Pour former un son, le chanteur doit se tenir droit, bien campé sur ses jambes, tête à l'horizontale. Il doit respirer par la bouche uniquement afin d'avaler de l'air le plus rapidement possible, cet air doit être inspiré puissamment vers la voûte du palais, le visage doit esquisser et conserver un rictus permanent, les narines étant dilatées.

Le diaphragme doit être soulevé en inspirant et maintenu afin de coincer l'air en haut du palais à hauteur des yeux, le masque du rictus étant conservé.

Le son doit être attaqué à la hauteur de la base des yeux en imposant ce moule à la colonne d'air, tout en maintenant le diaphragme puissamment, surtout dans les sons aigus ; le chanteur doit éprouver la sensation que le souffle ne sort pas par la bouche mais sous les yeux.

Le son, malgré les différentes notes, voyelles ou consonnes, doit rester vibrant, en relation permanente avec les harmoniques de tête, à la même place, sans jamais descendre ou monter ; seule varie la pression de la colonne d'air suivant la tessiture. Cela demande un entraînement journalier pour faire de cette technique un automatisme.

Tous ces paramètres sont évidement plus ou moins accentués selon que l'on doit attaquer un son dans le grave, le médium ou l'aigu. Ces exercices (qui font autant appel au contrôle de certains organes qu'à une mentalisation psychique), doivent être exécutés sans grimacer, sans bouger la tête ou le cou et bien sûr sans forcer avec la gorge ni pousser le son.

Tout cela demande beaucoup de travail. Cette bonne technique étant bien maîtrisée, les années n'altèrent pas la voix, au contraire. Seule la maladie peut porter un mauvais coup à la voix.

Gérer une carrière lorsqu'on est chanteur, c'est avant tout respecter sa pointure, accepter son registre vocal et surtout ne pas en sortir. Au delà de ces limites, il y a danger.

Chaque chanteur a une voix spécifique dont il doit bien prendre conscience, car une voix bousculée et forcée se détruit.

Nous en revenons encore à la bonne technique vocale : si le chanteur ne la possède pas, il ne peut pas faire autrement que de chanter très fort !

La voix d'un bon chanteur a une étendue de deux octaves. Celle d'un très bon chanteur est de deux octaves et un demi-ton et l'on rencontre parfois des voix exceptionnelles qui couvrent deux octaves et un ton et demi, jamais plus.

Chanter c'est être en prise directe avec les sentiments et cela, jamais un instrument n'y parviendra aussi bien !

Le souffle:

La voix, le souffle et le son sont à la source de tout être humain. Le souffle et le son sont deux énergies complémentaires mais différentes qui se dissocient avec le temps. Pour obtenir l’action maîtrisée, ces deux énergies doivent se marier dans le centre situé à hauteur de l’estomac que les Japonais nomment le « hara ».

« Si le souffle est d’un caractère méditatif et oriental, le son est symbole de l’action. Il est d’une nature plus occidentale et génère les tensions. Le travail va consister à lever ces tensions l’une après l’autre. Au lieu de traduire le texte biblique par « Au commencement était le Verbe », il aurait été plus juste de dire « Au commencement était la Vibration ». Il existe d’abord la vibration de base et le travail de la voix consiste justement à se ré accorder sur elle. Il faut ramener le chanteur à ce que Durkheim appelle l’être essentiel, moi je dirais « un bébé qui aurait bien évolué ». Selon une autre métaphore, il faut rebâtir l’homme selon certaines lois et principes, le ramener à une verticalité vraie. Ce travail est tout autant physiologique que psychologique et spirituel. Pour donner une autre image, il faut revenir à une croix latine bien ancrée dans le sol. Ce travail est essentiel mais toujours différent car il n’y a jamais deux êtres qui se ressemblent. L’expérience acquise ne sert jamais à personne. Il importe cependant que sous mon impulsion, l’individu mette le processus en route et poursuive son travail seul. Car s’il n’agit pas lui-même cela n’aboutira à rien. Mon but n’est pas de rendre dépendant du professeur car une vraie remise en question ne peut s’accomplir que librement et individuellement. Il faut donc que le professeur respecte la liberté de l’élève. »  .Serge Wilfart , « L’esprit du chant : sur le chemin initiatique du souffle et de la voix ».

Le système éducatif bâtit l’homme à l’envers. C’est un phénomène social et un héritage énergétique. L’enfant qui naît quitte un milieu aqueux où il percevait tout le fonctionnement vital de sa mère. Avant même que ne soit coupé le cordon ombilical, l’enfant se purifie par l’air. Il libère son premier cri qui correspond véritablement à son amplitude respiratoire. Mais très vite, avec les premiers mois, sa respiration profonde va être perturbée et sa « boule de souffle » va dériver du ventre vers le cou, l’apprentissage de la station debout et de la marche vont placer le centre de gravité et énergétique au niveau des épaules.

C’est au travers d’un travail sur le souffle et la respiration (ce que nous  étudierons plus loin dans le chapitre sur la technique du chant), que le chanteur pourra dépasser une espèce d’apnée et retrouvera les sensations corporelles perdues. L’intellect aura alors repris sa véritable fonction. La suite du travail va s’accomplir dans le quotidien, dans un art de se reconstruire ; l’ « inspir - expir » va progressivement sortir de l’ombre et l’individu va retrouver un souffle méditatif - actif.

Au fur et à mesure, l’apprenti chanteur n’entendra plus de la même manière, les relations entre son oreille gauche et son oreille droite se modifieront. Le corps s’éveillera en même temps que la voix se révèlera.

« Comment dire l’équation vitale entre chanter et être? Comment dire que pour moi, apprendre à chanter et apprendre à être, sont la même chose? Où mieux, ailleurs que dans le chant, peut-on composer avec les paradoxes du être en soi tout en étant l’autre ? Du donner et du recevoir ? Du être infiniment dans l’instant présent en participant à l’éternité ? Chant, lieu de l’échange vital, rythmé de l’inspir et de l’expir, souffle de la vie. » Serge Wilfart , « Chant de l’être : analyser, construire, harmoniser. »